10 December 2009

Why Memetics - Mémétique ?


Par Sylvain Magne 
Travail en cours d'écriture 



Qu'est-ce que la mémétique, aujourd'hui ?
La mémétique est une discipline scientifique qui se donne pour objectif de construire un modèle évolutionniste de la culture au sens large.

Bien que cette science soit encore en chantier elle offre un regard nouveau et très prometteur sur le phénomène culturel qui pourrait nous aider à mieux nous comprendre et à mieux comprendre notre environnement culturel qui semble parfois nous échapper. Je vais essayer de montrer ici l'intérêt de l'approche mémétique et son potentiel.

Le modèle mémétique se base sur deux concepts fondamentaux hérités de la théorie de l’évolution.
Le concept de mème, sorte de brique élémentaire de la culture, et le principe universel de l’évolution tel que Charles Darwin l'avait découvert.
En un mot, le modèle mémétique considère que la culture est un phénomène qui est sujet à une évolution similaire dans son principe à l'évolution biologique, et qu'elle peut donc être étudiée avec des outils similaires.

Mèmes et réplicateurs.
Le concept de mème est au cœur de la mémétique.
Ce concept pose que toute culture est strictement composée de briques culturelles, codes élémentaires réplicateurs, appelés mèmes, qui peuvent survivre par copie d’un support à un autre, d'un cerveau à un autre. Tout élément culturel serait un mème ou serait composé de mèmes. Comme exemple nous pouvons prendre les lettres, les chiffres, les notes de musique, les mots, les jeux, les sports, les arts, les idées politiques ou religieuses, les mathématiques, les traditions, les méthodes technologiques, etc … Tous ces éléments qui composent la culture seraient donc des mèmes ou des organisations de mèmes.
Les supports de ces mèmes peuvent être la voix,  les gestes, les cerveaux humains, les livres, les ordinateurs, et tout ce qui peut contenir ou transporter de l’information culturelle.

Mais qu'est-ce qu'un mème concrètement ? Un mot, une image, un pas de danse ?

Nous verrons que c'est un des points que la mémétique se doit encore de bien clarifier, ce que je tenterai de faire dans les prochains chapitres. Mais commençons par les réplicateurs.

Le mème est, par définition, un réplicateur. Il est donc crucial de comprendre ce qu'est un réplicateur pour bien comprendre ce qu'est un mème et comment une évolution se produit. Un réplicateur est une chose très simple en vérité. Du moins, sa définition est simple. Par contraste les implications de son apparition peuvent être très complexes puisqu'elles peuvent mener à l'apparition du vivant. Rien que çà ! C'est pourquoi le sujet est passionnant.

Les mèmes ne sont pas les premiers réplicateurs et ne sont pas non plus les seuls

Les gènes sont les premiers réplicateurs que nous ayons identifiés. Voyons maintenant ce que sont les réplicateurs de plus près.
Accéder à l'article : Les réplicateurs.

L'évolution.
Le deuxième concept dit que ces codes élémentaires, ces mèmes qui se répliquent, ne se répliquent pas librement. Nous allons voir que ces limitations, combinées à une capacité des réplicateurs à varier, va permettre à une évolution de prendre place.

Qu'est-ce que l'évolution ?

Comme toute chose dans l'univers, des réplicateurs comme les gènes par exemple, sont sujets à des interactions avec leur environnement. Ces interactions peuvent limiter leurs libertés, c'est à dire, par exemple, ralentir leur vitesse de réplication, ou limiter leur nombre, ou encore simplement les détruire. Ces limitations se font par l'intermédiaire des véhicules des gènes, les plantes ou les animaux qui portent ces gènes, car lorsque ces êtres rencontrent des difficultés à survivre, maladies, accidents, affrontements, etc, ils ont moins de chances d'avoir des progénitures.

En d'autres termes, ils sont soumis à une pression sélective de la part de leur environnement. C'est l'environnement qui va donc décider de leur succès, en jouant le rôle d'arbitre. Ceci explique simplement comment certains réplicateurs peuvent être sélectionnés, et peuvent survivre plus longtemps.

Cependant, on voit bien que cela ne suffit pas pour permettre l'évolution car si les réplicateurs ne changent pas, alors dans le meilleur des cas, un groupe de réplicateurs survivra éternellement (pour peu que l'environnement ne change pas trop et ne les fasses tous disparaitre ) mais jamais ils n'évolueront.

La dernière condition nécessaire à l'évolution est que les réplicateurs soient imparfaits, c'est à dire qu'ils laissent la place à quelques erreurs de copies. Si quelques unes de ces erreurs de copie offrent un avantage sur les autres réplicateurs, alors ces nouveaux réplicateurs leurs survivrons. Ainsi, l'accumulation d'erreurs peut amener les réplicateurs à devenir de plus en plus efficaces à survivre.

Pour récapituler, un système sera le sujet d'une évolution si et seulement si ce système est en présence de réplicateurs, si ces réplicateurs ne sont pas absolument parfaits et si l'environnement offre une pression sélective sur la survie de ces réplicateurs. C'est la recette simple de l'évolution.

Si vous souhaitez en savoir plus, Richard Dawkins explique brillamment la logique du réplicateur dans son livre Le Gène Égoïste.

Les facteurs de pression sélective peuvent être de nature biologique (limitations du cerveau humain et de ses capacités motrices), de nature technique (limitations des objets technologiques), de nature logique (cohérence mathématique), de nature émotionnelle (adhésion ou rejet émotionnels), de nature physique (réalité matérielle des lois physiques) et de nature culturelle (compatibilité avec un environnement culturel donné et compétition entre mèmes).



Pourquoi la mémétique ?
Quelle place pour la mémétique ?

La mémétique est intéressante car elle amène un nouvel éclairage sur la compréhension du vivant et de la nature humaine en particulier. C'est ce que nous explorerons dans les prochains chapitres. Cependant la mémétique n'est pas la première à s'intéresser à ce sujet. De nombreuses sciences comme la biologie, les neurosciences, la psychologie, l'informatique, etc. offrent des modèles riches et utiles à la compréhension de l'Homme.

De fait, la mémétique fait face à un problème de circonstance, qui est de faire sa place parmi ces autres sciences. En effet, on pourrait argumenter qu'un nouveau modèle tel que la mémétique serait redondant, vu que l'on a déjà tant de modèles en place. Il faudrait donc que la mémétique ait quelque chose à apporter qui soit suffisamment significatif pour éveiller l'intérêt.

Mais on peut aussi argumenter que les modèles actuels sont loin d'être parfaits. Par exemple, on peut dire que la psychologie apporte beaucoup de réponses mais manque beaucoup de précision, alors que les neurosciences sont très précises et descriptives mais n'expliquent encore pas grand chose. Cependant, le fait qu'un modèle actuel ne soit pas complet ne justifie pas que l'on doive le laisser tomber pour s'intéresser à toutes idées farfelues. Donc garder un regard sceptique sur la mémétique est tout à fait justifié.

Pourquoi choisir la mémétique ?

Le gros avantage de la mémétique, c'est qu'elle apporte un point de vue très rationnel sur un sujet qui semble échapper à toute rationalité. C'est ce que j'espère montrer avec ce travail. Cette rationalité de la mémétique découle directement de son concept de base qui est le réplicateur. Ce concept fait que la mémétique se présente comme une science potentiellement testable et vérifiable. Ceci est très important pour toute science digne de ce nom. La vérifiabilité d'une science par l'expérience est ce qui la distingue d'une simple hypothèse.

Ensuite, ce modèle, s'il est juste, a l'énorme avantage d'être simple. La science préfère toujours le modèle qui peut décrire un phénomène le plus simplement possible. Pourquoi expliquer en dix lignes ce qui peut être expliqué en une ?

Donc, je crois qu'il y a beaucoup à gagner dans le développement de la mémétique et qu'elle mérite que l'on s'y intéresse.
Mon intuition est que la mémétique pourra aider grandement le développement de la psychologie, tout comme le font de mieux en mieux les neurosciences, pour créer ensemble un modèle de l'esprit et de la culture qui soit plus précis et rigoureux.

Faiblesse du modèle mémétique.

La faiblesse principale de la mémétique réside dans sa capacité à prouver concrètement l'existence des mèmes. Si la mémétique échoue sur ce point alors son avenir sera bien sombre. Le réplicateur génétique est aujourd'hui, en comparaison, facile à identifier. Pour la plupart des gens les gènes sont simplement des séries de nucléotides dans les chromosomes, et nombre de gens souhaiteraient que la mémétique puisse faire de même et nous montrer de quoi sont faits les mèmes.
Je tenterai ici de répondre à cette question fondamentale. Mais d'hors-et-déjà on peut faire remarquer que le concept de gène n'est pas aussi bien définit qu'on pourrait le penser. Par exemple, il est parfois presque impossible de dire précisément où un gène commence et où il finit. Ce que je veux dire par cela c'est que confondre le code génétique et son support est une erreur, même si c'est une approximation efficace. Nous verrons que le problème des mèmes est de même nature. De plus, strictement parlant, il pourrait s'avérer que la mémétique puisse prouver sa véracité sans pour autant avoir à définir clairement son unité de sélection. En effet, à l'époque de Darwin, la génétique n'existait pas mais sa théorie était malgré tout suffisament puissante pour être vérifiable par d'autres moyens, tels que les fossiles par exemple.

Mon espoir ici est de faire la lumière sur cette question et de montrer qu'il n'y a pas de mystère et que les mèmes sont bien une réalité.     
Add Quick plan of the theory.

28 April 2009

What is a code ?

It is necessary to define precisely the code in order to build on this definition. Here is how I define the code in the context of a theory of Memetics.

Simply put, a code can be described as a series of commands of actions, and this regardless of the nature of the code or actions. As an example of code we have:
The genes in the biological world that control the production of molecules, the programs in the computer world that control computers, the sentences in the cultural world that control behaviour, etc..

However, considering the code alone is not enough. We will see that it is part of a system. 

It should be noted that a code is never alone. To be carried or decrypted, the code needs to be written somewhere, it needs a medium. Also, a code is intended to be read, otherwise it is useless, it therefore needs a reader. Finally, a code must be expressed in a particular language, otherwise it cannot be understood. We notice that if one of the above conditions is missing, then the code is lost, it is no longer a code, it ceases to exist. 

So, the code is part of a necessary group of four elements and cannot work without this group. This group contains: 

1 The code itself (of course). 
2 The medium that contains the code. 
3 The reader which turns the code into action. 
4 The language which must be respected by the code. 

The medium: 
The medium carries the code and the code does not exist without the medium. If you erase the ink on the paper, the text disappears. The medium allows two things: the storage of the code, of course, but also its transportation. Note: the same code can be written to different media. 
Examples of media: DNA for the genetic code, ink for the words or phrases, magnetic or optical discs for computer programs. 

The reader: 
By "reader" one must understand "a mechanism that transforms the code into actions." That is to say that for any code read by the reader, an action is performed. To qualify as a reader, this reader must be able to read at least two separate codes and must be able to operate in at least two distinct ways according to these codes. Otherwise it is not a reader. 
Note: The same code can have different meanings for different readers because readers define their own language (cf. language)
Examples of readers: computers, human brain, cells containing DNA.

The language: 
Among all codes readable by a reader, there are irreducible codes, i.e. codes that, if they are deprived of any of their parts, are no longer executable by the reader. Those irreducible codes are called the terms of the language.
The language of a reader is defined as being the group of all the terms of this reader.
Examples of a language: All possible genes, all words and letters of the English language, all the basic codes of a computer language.

The code: 
The code gets its meaning from the language. The code is a subset of terms of the language, i.e. that the code consists of a set of terms derived solely from all the original terms of the language, just like a sentence is made of words from the dictionary.
Example code: Gene that makes eyes blue, the word "hello", a line of computer code.

Examples of coding groups for illustration:

Code      Phrases  Genes           010101 
Medium    Sounds   DNA             CD-rom 
language  French   Extended genome C + + 
Reader    Brain    Cells           Computer 
Actions   Thought  Organisms       Calculations

The code is something intangible. For example, the ink laid on paper that forms words is not the code, it's only its medium. The code is in the particular arrangement of this ink, more precisely in the geometric shapes of the letters. These geometric shapes are abstract objects. For the same reason, human language is also something intangible. The same goes for DNA. The code of genes is not the molecules themselves, but their arrangement, their sequence. This sequence, again, is an abstract object; DNA is only its medium, its expression. Again, the same goes for computers. Whether programs are written in the form of numbers or letters or bytes, on silicon or plastic, they are still abstract objects, special arrangements of matter.

This is to say that we cannot "see" the code itself, we can never see more than the effects on their media. You can see a sequence of nucleotides and can see the ink on paper but without its medium, a code is invisible, inaudible, and untouchable.

Finally, to identify and decipher a code, we not only need to find its medium but also its readers as well as the languages associated with these readers. Without this, the code remains indecipherable and therefore inaccessible. We can only "see" the code if the other three elements, medium, language and reader, have been identified. If you see a text in Arabic, but you do not know the language, the meaning of the text, its code, will remain inaccessible.

Time and space. 
Implicitly, the concept of code requires the existence of at least one dimension of space and at least one dimension of time. In order to make the difference between the medium and the reader, it is necessary to distinguish them in space. Finally, for a code to be read and then executed it is necessary to separate these elements in time and that time must have a constant direction (the arrow of time) so that the reading always precedes the action. 
Finally, space must be discontinuous and transformable, so that different states can be distinguished and actions can take place.

Action. 
We put that every action is a transformation of space generated by a reader when reading a code.

Energy. 
To study the codes we will consider only worlds in which transformation of space requires an exchange of energy and respect the first law of thermodynamics: the conservation of energy. Thus, any action requires an exchange of energy.

Entropy
The actions performed by the codes respect the second law of thermodynamics, but they can have two types of effects on the entropy of a system. Either they participate of its increase (for example, simple heat dissipation), or they participate of its distribution (e.g. formation of crystals). Indeed, some codes may execute a transfer of entropy, thus reducing the entropy of a part of the system while increasing the rest. This is particularly true of replicators. Any replicant system tends to reduce the entropy of its local universe while increasing that of the rest of its world.

Conclusion. 
The concept of code is a grid, an interpretation of the universe. In analyzing the world as a set of codes, languages, media and readers, we observe the universe in a new light revealing some of its mechanisms. The codes of particular interest to us are the replicating codes.

4 March 2009

Qu’est-ce qu’un code ?

Il convient de définir le code de façon précise pour pouvoir ensuite bâtir sur cette définition.  Voici donc comment je définis le code dans le cadre d’une théorie mémétique.

Pour faire simple, un code peut être décrit comme une série de commandes d'actions.
Ceci quelque soit la nature du code ou des actions. Comme exemple de codes nous avons :
Les gènes dans le monde biologique qui commandent la production de molécules, les programmes dans le monde informatique qui commandent les ordinateurs, les phrases dans le monde culturel qui commandent des comportements, etc.

Cependant, considérer le code seul ne suffit pas. Nous allons voir qu’il fait parti d’un système.

On notera qu’un code ne se promène jamais seul. Pour être transporté ou déchiffré, un code a besoin d’être écrit quelque part, il a besoin d’un support. Ensuite, un code est destiné à être lu, sinon il est inutile, il a donc besoin d’un lecteur. Enfin, un code se doit d’être exprimé dans un langage particulier, sinon il n’est pas compris. On remarque que si une seule des conditions précédentes manque, alors le code est perdu, il n’est plus un code, il cesse d’être.

Donc, le code fait parti d’un ensemble nécessaire et indissociable de quatre éléments et ne fonctionne pas sans cet ensemble. Cet ensemble contient :

1 Le code lui-même (bien entendu).
2 Le support qui contient le code.
3 Le lecteur qui transforme le code en action.
4 Le langage qui doit être respecté par le code.

Le support :
Le support contient le code et le code n’existe pas sans son support. Si vous effacez l’encre du papier, le texte disparaît.
Le support permet donc deux choses essentielles. Le stockage du code, bien évidemment, mais aussi son transport. Remarque : un même code peut être écrit sur différents supports.
Exemples de supports : ADN pour le code génétique, encre ou paroles pour les phrases, disques magnétiques ou optiques pour les programmes.

Le lecteur :
Par «lecteur», il faut comprendre «un mécanisme qui transforme le code en actions». C'est-à-dire que pour tout code lu par le lecteur, une action est réalisée. Pour être considéré comme un lecteur, ce lecteur doit pouvoir lire au moins deux codes distincts et doit pouvoir agir au moins de deux façons distinctes en fonction de ces codes. Sans cela ce n’est pas un lecteur.
Remarque : Un même code peut avoir des significations différentes selon les lecteurs car les lecteurs définissent leur propre langage (cf. Le langage)
Exemples de lecteurs : ordinateurs, cerveaux humains, cellules contenant l’ADN.

Le langage :
Parmi tous les codes lisibles par un lecteur, on distinguera les codes irréductibles, c'est-à-dire les codes qui, s’ils sont privés d’une de leurs parties, ne sont alors plus exécutables par le lecteur. Les codes irréductibles sont appelés les termes du langage.
Le langage d’un lecteur se définit donc comme l’ensemble des termes de ce lecteur.
Exemples de langage : Ensemble des gènes possibles, ensemble des mots et lettres de la langue française, ensemble des codes de base du langage informatique.

Le code :
Le code prend son sens par le langage. Le code est un sous ensemble des termes du langage, c'est-à-dire que le code est constitué d’une série de termes issus exclusivement de l’ensemble des termes originaux du langage. Comme une phrase est constituée de mots tirés du dictionnaire.
Exemple de codes : Gène qui fait les yeux bleus, le mot «bonjour», une ligne de code informatique.


Exemples d’ensembles pour illustration :

Code  Phrases Gènes          010101
Support Sons ADN            CD-rom
Langage Français Génome étendu  C++
Lecteur Cerveau Cellules       Ordinateur
Actions Pensée      Organismes     Calculs


Le code est quelque chose d’immatériel. Par exemple, l’encre posée sur du papier pour former des mots n’est pas le code en soit c’est uniquement son support. Le code, se trouve dans la disposition particulière de cette encre, plus particulièrement dans les formes géométriques des lettres. Ces formes géométriques sont des objets abstraits. Pour la même raison, le langage humain aussi est quelque chose d’immatériel. Dans le cas de l’ADN il en va de même. Le code des gènes, ce n’est pas les molécules mais leur arrangement particulier, leur séquence. Cette séquence, encore une fois, est un objet abstrait, l’ADN n’en est que son support, son expression. Même chose pour l’informatique. Que les programmes circulent sous formes de chiffres ou de lettres ou d’octets, qu’ils soient écrits sur des supports de silicium ou de plastique, ils ne sont jamais que des objets abstraits, des arrangements particuliers de la matière.

Ceci pour dire qu’on ne peut pas «voir» le code à proprement parler, on ne peut jamais en voir que les effets sur leurs supports. On peut voir une séquence de nucléotides et on peut voir de l’encre sur du papier mais sans un support, un code est invisible, inaudible, intouchable.

Enfin, pour identifier et déchiffrer un code, il faut non seulement trouver son support mais aussi son ou ses lecteurs ainsi que les langages associés à ces lecteurs. Sans cela un code reste indéchiffrable et donc inaccessible. On ne peut « voir le code » qu’à condition que les trois autres éléments, support, langage et lecteur, aient été identifiés. Si vous voyez un texte en arabe mais que vous n’en connaissez pas le langage, le sens du texte, son code, vous reste inaccessible. 


Le temps et l’espace.
Implicitement, le concept de code nécessite l’existence d’au moins une dimension d’espace non nulle et d’au moins une dimension de temps non nulle. En effet, pour pouvoir faire la différence entre le support du code et le lecteur, il est nécessaire de pouvoir les distinguer dans l’espace. Enfin, pour qu’un code puisse être lu et ensuite exécuté, il est nécessaire de pouvoir séparer ces éléments dans le temps, et ce temps doit avoir une direction constante (la flèche du temps) pour que la lecture précède toujours l’action.
Pour finir, l’espace se doit d’être discontinue et transformable, pour que des états différents puissent être distingués et que des actions puissent avoir lieu.

L’action.
Nous poserons que toute action est une transformation de l’espace, générée par un lecteur lors de la lecture d’un code.

L’énergie.
Pour étudier les codes nous considérerons exclusivement des univers dans lesquels toute transformation de l’espace nécessite un échange énergétique et qui respectent le premier principe de la thermodynamique : la conservation de l’énergie. Ainsi toute action nécessite un échange énergétique.

L’entropie.
Les actions exécutées par les codes respectent le second principe de la thermodynamique mais elles peuvent avoir deux types de conséquences sur l’entropie d’un système. Soit elles participent de son augmentation (exemple : simple dissipation de chaleur), soit elles participent de sa répartition (exemple : formation de cristaux). En effet, certains codes peuvent exécuter un transfert d’entropie, ainsi diminuant l’entropie d’une partie du système tout en augmentant celle du reste. Ceci est vrai en particulier pour les réplicateurs. Tout système réplicant tend à faire diminuer l’entropie de son univers local au dépend du reste de son univers.

Conclusion.
Le concept de code n’est qu’une grille de lecture, une interprétation de l’univers. En analysant l’univers sous la forme d’un ensemble de codes, de langages, de lecteurs et de supports, nous observerons l’univers sous un angle révélateur de certains mécanismes. Les codes qui nous intéressent particulièrement sont les codes réplicateurs.